Que ce soit à l´émission Investir ou dans les micros de journalistes, l´économiste Kesner Pharel, Président et Directeur général du Group Croissance, ne manque pas, ces derniers temps, de créer un effet loupe sur des inégalités criantes au point de vue financier et économique. D´abord sur le plan économique, Kesner Pharel a dénoncé, au cours d´une interview accordée à radio Ibo, ce qu´il appelle une injustice l´architecture de base des impôts en Haïti.
« L´Impôt indirect qui contient les taxes sur les chiffres d´affaires constitue la principale source des recettes de l´Etat haïtien. Il représente 110 milliards de gourdes alors que l´impôt direct se chiffre à 40 milliards de gourdes », a déclaré le patron du Group Croissance. Selon lui, l´impôt direct est aussi faible à cause des franchises accordées et de la contrebande, etc. dans un pays où 60% de la population sont pauvres et 30% vivent dans l´extrême pauvreté,
Se basant sur le montant de cinq milliards de dollars américains d´importations d’Haïti, soit environ 500 milliards de gourdes, l´économiste a estimé que le pays aurait dû avoir un budget plus important. A travers cet instrument, permettant aux gouvernements de faire la redistribution des richesses, l´économiste Kesner Pharel a fait ressortir une autre inégalité.
« Dans le budget, il y a 40 000 gourdes par habitant dans le département de l´Ouest et pour le Sud-est seulement 1 800 gourdes par habitant », a fait remarquer M. Pharel, expliquant qu’´il y a plus de projets dans l´Ouest que dans l´ensemble des neuf autres départements.
On comprend dès lors pourquoi les gens de l’arrière-pays laissent leur commune pour venir s’installer dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, là où circule l’argent. D’où le phénomène de la bidonvilisation qui est l’une des sources de l’insécurité qui ravage le pays, a argumente, Kesner Pharel qui n’a pas omis de mettre l’accent sur la mauvaise répartition géographique des épargnes pour montrer un autre aspect des inégalités.
« Sur chaque 100 gourdes déposées dans une banque, le département de l´Ouest capte 82 gourdes, le Nord 5,20 gourdes, l’Artibonite 3,90 gourdes et le Sud 2,90 gourdes. Ce qui fait qu’Il y a moins de 10 gourdes pour les six autres départements », a déploré le numéro un du Group Croissance qui a egalement a attiré l´attention sur le fait que l´épargne est très faible en Haïti.
« Au 31 mars, dit-il, l´épargne est chiffrée à 400 milliards de gourdes en Haïti, soit 4 milliards de dollars américains. Pourtant, l´épargne d´une seule banque en République dominicaine, la première banque chez nos voisins, a atteint 15 milliards de dollars, monnaie americaine », a indiqué Kesner Pharel. Pour faire comprendre le faible niveau de l´épargne en Haïti, M. Pharel a mis en avant le faible niveau des salaires.
« Généralement, une partie du salaire est destinée à la consommation et une autre à l´épargne. Si avec le niveau de salaire actuel, on ne peut pas consommer les biens primaires, comment parler de l´épargne », a argué l´économiste qui se montre préoccupé par les piètres performances du pays sur le plan économique qui va déboucher sur quatre années consécutives de contraction du produit intérieur brut (PIB).
Gerard Junior Jeanty
